Bureau Arménien de Voyages

Tour opérateur en Arménie

$
Arménie Culture Langue

La langue arménienne

La tentative d’inscrire la langue arménienne dans quelque groupe linguistique s’est révélée vaine. En fait, elle constitue un groupe particulier de la famille linguistique indo-européenne. L'alphabet moderne des Arméniens a été inventé par Mesrop Machtots au IV° siècle. Sa création n’est pas le résultat d’une reprise d’alphabets déjà existants. De vastes recherches scientifiques ont été conduites par Machtots lui même et ses élèves, parmi eux l’historien Moïse de Khoren. la Perse, l'Egypte, la Grèce et le Rome furent les principales destinations de ces jeunes gens dont le but était l'étude approfondie de la langue, son système phonétique et les conformités sonores avec ses notations littérales.

Ce fut une sorte d'expédition linguistique, longue de plusieurs années au bout de laquelle fut créé alphabet arménien. Son exactitude et authenticité sont prouvées par des siècles : on sait que les caractéristiques linguistiques évoluent avec le temps, et la langue ancienne devient « langue morte » (le grec ancien, le latin). L’originalité de l'alphabet de Machtots permet de comprendre sans difficulté l’ancien arménien, dit le grabar et de lire, aujourd’hui encore, les anciens manuscrits arméniens. Bien que la composition du vocabulaire de la langue ait beaucoup changée, sa série phonétique est restée la même, et toute la richesse des sons de la langue arménienne a trouvé sa réalisation dans l'alphabet arménien. Mesrop Machtots est le créateur de l'alphabet géorgien.

Jusqu'à ces dernières années on croyait qu'avant l'apparition de l'alphabet de Machtots les Arméniens se servaient des caractères persans, et autrefois n'avaient pas d'écriture propre. Effectivement, pendant le règne des Arshakides - une dynastie étroitement liée par le sang aux rois persans - les documents officiels, la correspondance étaient écrits en langue persane, et on n’affirmait pas la présence d’une écriture plus ancienne chez les Arméniens faute de "pièces à conviction". Un groupe des jeunes savants d'Erevan tenta de déchiffrer les caractères du royaume de l’Ourartou dont la lecture était autrefois pratiquement impossible.

C’est l’ancien arménien qui servi de clé. Malheureusement, il n'y a pas beaucoup de publications officielles sur cette question, mais il est fort probable que l'écriture cunéiforme d’Ourartou soit l'alphabet le plus ancien des Arméniens. Certains indices tendent à montrer que jusqu'à Mesrop Machtots il y avait un certain alphabet arménien comprenant 28 lettres qui ne correspondait guère à la série phonétique de la langue arménienne. L'alphabet de Mashtots comprend 36 lettres.
En parlant de l'écriture arménienne, il faut évoquer les premiers historiens et écrivains arméniens, grâce à qui l’héritage culturel du peuple est arrivé jusqu’à nos jours. On considère que le plus ancien historien arménien est Mar-Ibas-Katina, le secrétaire du roi Vagharshak I. Ayant reçu la permission du roi persan Arshak de travailler dans les archives de Ninevii qui avaient été rassemblées par les perses dans la bibliothèque de Babylone, Mar-Ibas a écrit l'histoire de l'Arménie des premiers rois jusqu'à Tigran I selon les sources chaldéennes. Nous ne connaissons cette oeuvre que par les annales.

Agatange - le secrétaire du roi Tiridat - a écrit l'histoire de la diffusion du christianisme en Arménie (IV s.) Gregoire l’Illuminateur – est l'auteur d’un recueil de sermons et de prières dans la langue arménienne. Pavstos Bouzand a écrit l'histoire de l'Arménie de 344 - 392. Mesrop Machtots - en collaboration avec le catholikos Sahak Partev - est l'auteur du Missel (connu sous le nom de Machtots) et le traducteur de l’homeliere des Saintes Écritures Sacrées en langue arménienne. Moise de Koren est l'auteur de l'histoire de l'Arménie en 4 tomes. Eghiche nous a laissé la description des guerres des Arméniens avec les Perses entre 439 – 463,Lazar de Parbi - l'histoire de l'Arménie entre 388 et 484, David Anhaght (l’invincible) - les travaux philosophiques sur les principes. Parmi les auteurs de VII siècle : Hovhannes Mamikonian - l'histoire des princes Mamikonian. Anania de Chirak est le plus fameux arithméticien, astronome, l’auteur du calendrier arménien. Moise II - l'auteur de la grammaire et de la rhétorique. VIII0 siècle : Jean de l’Odzoun – l’auteur des sermons contre les hérésies. XI siècle : Thomas Artsruni - l'histoire de la maison Artsrouni; les historiens Hovhan VI, Grigoire Magistros - l'auteur de la Grammaire de la langue arménienne et la transposition en vers “Histoire de l’Ancien et du Nouveau Testament”.; Aristakes de Lastiverd - “Histoire de l'Arménie et les villes voisines” (988 - 1071) . XII siècle : Samuel - l'auteur de la chronologie de la création du monde à 1179, le médecin Mhitar - “la Consolation dans la fièvre”. Nerses de Kla - le patriarche, le théologicien, l'auteur de la transposition en vers de la Bible comprenant 8000 vers. Mkhitar Gosh - l'auteur de 190 fables, la Législation ecclésiastique et civil. XIII siècle : Stéphane Orbelian - l'évêque de Syounie, l'auteur de l'élégie “les Pleurs d’Edjmiatsine”. Vartan le Grand - l'auteur “de l'Histoire universelle de la création du monde jusqu'à 1267.” . Kirakos de Gandzak - a décrit la dévastation par les Mongols en 1230 de la ville d’Ani et la fuite des Arméniens à Astrakhan, Trapezound, la Pologne. Magakia Abegha - a décrit les irruptions des Tatars dans l'Asie jusqu'à 1272. Mkhitar d’Ani – a donné de riches renseignements sur l'histoire de l'Arménie, la Géorgie, la Perse et a traduit des ouvrages d'astronomie de la langue persane. Aristakes est l'auteur des “Sciences ou instructions sur l’écriture correcte” et du “Dictionnaire de la langue arménienne”.

Le XIV° siècle apporta de terribles épreuves au peuple arménien. En subissant les persécutions continues, la destruction, les Arméniens cherchaient la survie dans d'autres pays.

Quand la maison brûle, on tâche inconsciemment de sauver le plus cher. Parmi les objets les plus précieux, que les Arméniens sauvaient dans des moments pareils, parfois au prix de leur vie, étaient les livres - gardiens de la mémoire du peuple, sa langue, son histoire, sa culture. Ces livres sauvés du feu, de l'eau, l'humiliation ennemie, sont recueillis aujourd'hui dans la trésorerie de l'Arménie - Matenadaran. Parmi eux il y a des livres, qui furent recopiés, plutôt repeints par les gens absolument illettrés. Et c’est grâce à leur haut exploit patriotique, qu’aujourd'hui nous lisons ces anciennes sources.

Avec l'apparition de l'imprimerie au XVI s. la littérature arménienne a continué son développement. Partout, où étaient établies des communautés arméniennes, on tâchait d'ouvrir des imprimeries. Ainsi, en 1568 une telle imprimerie est apparue à Venise, et au XVII s. furent fondées des imprimeries à Milan, Paris, Amsterdam, Leipzig, Constantinoples, plus tard à Londres, Smirnes, Madras, Etchmiatsin, Trieste, Tbilisi, Chouchi, Astrakhan, à Pétersbourg (1783), Nakhichevan. Avec la migration des Arméniens vers l'Amérique, des imprimeries sont apparues également dans plusieurs pays du Nouveau Monde.

Avant le V siècle les Arméniens écrivaient en langues grecque, assyrienne et syrienne ce qui était alors perçu comme tout à fait naturel. Mais les méditations sur le sort du christianisme en Arménie et la complexe situation politique ont amené le combattant, savant et moine Mesrop Machtots à réfléchir à la création d’un alphabet arménien. Le Catholikos de tous les Arméniens Sahak Partev - l'arrière-petit-fils de Gregoire l’Illuminateur l’a aidé dans cette entreprise incroyablement difficile.

Ayant reçu une brillante formation, Machtots, à part l’arménien, maîtrisait le grec, le persan, l’assyrien et le géorgien à la perfection. En traversant, avec ses 40 élèves, toute l’Arménie de la Perse à Byzance, Machtots realisa un travail titanesque, semant les graines de l’écriture arménienne. Lui et Partev étaient bien conscients que, sans un alphabet propre, notre peuple perdrait très tôt son identité nationale, car mêmes dans la vie quotidienne les gens commençaient à communiquer entre eux en persan ou en grec.

Les affaires de la religion n’allaient pas très bien non plus: l'Arménie avait adopté le christianisme comme la religion d'Etat depuis presque cent ans, mais la Bible en grec et assyrien n’était accessible que pour les moines et quelques citoyens laïques compétents. C'est pourquoi il fallait d'urgence traduire les Saintes Écritures en langue arménienne , ce qui a été fait admirablement par Machtots et Partev.

Par son exactitude, sa concision et son éloquence sans égales cette traduction de la Bible (la septième) fut reconnue par les connaisseurs comme la reine des traductions. Grâce à cela, les services dans les églises ont commencé à être faits dans la langue maternelle, plus claire pour le peuple, ce qui contribua à la perception consciente du christianisme.

Machtots avec ses élèves passait par les villages et enseignait la langue arménienne, devenant le premier professeur de la langue. Tout cela est décrit en détail par l’un de ses élèves, Korioun, devenu historien par la suite. Au Moyen âge, en plus des écoles tenues par les monastères, ont commencé à se former des Universités.

Plusieurs œuvres des savants et philosophes grecs et syriens sont arrivées à leurs descendants grâce aux traductions en arménien, les originaux en ayant été perdus. Elles sont maintenant traduites à l'inverse de arménien à la langue originale.

En 2005 tout le peuple arménien célébrait le 1600ème anniversaire de l'alphabet arménien – l’un des plus ancien dans le monde. Ce qui est remarquable, c’est que durant cette longue durée il n'a pas subi d’importants changements. Des monuments en pierre de tout les 39 lettres de l'alphabet arménien ont été établis sur la pente orientale de la montagne Aragats en l'honneur de cet événement important. Un tel monument aux lettres n’existe nulle part ailleurs dans le monde !
La langue arménienne est parlée par près de 10 millions d’Arméniens. La plupart sont les habitants de la République de l’Arménie, les autres font partie de l’immense diaspora dans le monde entier.

La langue arménienne appartient à la famille indo-européenne. La place de l’arménien parmi les autres langues indo-européennes a été l'objet des longs débats. Une opinion fut que l'arménien pourrait être un descendant d’une langue, en parenté avec la langue phrygienne (connu par les inscriptions trouvées sur le territoire de l’ancienne Anatolie). La langue arménienne se rapporte au groupe oriental ("satem") des langues indo-européennes, et laisse découvrir une certaine parenté avec d'autres langues de ce groupe - baltique, slave, iranien et indien. Cependant, en prenant en considération la position géographique de l'Arménie, il n’est pas surprenant que la langue arménienne soit proche également de certaines langues occidentales ("kentum") de la famille indo-européennes et, avant tout,du grec.

Des changements dans le système du consonantisme sont caractéristiques de la langue arménienne Ils peuvent être illustrés par les exemples suivant : lat. dens, grec. o-don, arménien. a-tamn qui veux dire "dent"; lat. genus, grec. genos, arménien. cin la "naissance". La progression dans les langues indo-européennes de l'accent sur l’avant-dernière syllable a conduit, en arménien, à la chute de la syllabe non accentuée; ainsi, le proto-indo-européen bheret s'est transformé à ebhret qui a donné à l’arménien ebr.

A la suite de la domination persane qui dura des siècles, la langue arménienne s’est enrichie d’une multitude de mots persans. Le christianisme a apporté avec lui des mots grecs et syriens. La part d’éléments turcs dans le vocabulaire arménien est aussi considérable. Ces mots ont pénétré dans la langue pendant la longue période ou l'Arménie faisait partie de l'empire Ottomane; il y a quelques mots français empruntés à l'époque des Croisades. Dans le système grammatical de la langue arménienne on garde quelques déclinaisons nominatives, les sept cas, les deux nombres, quatre types de la conjugaison et neuf temps. Le genre grammatical est perdu comme dans l'anglais.

La langue arménienne est devenue une langue écrite à la fin de IV siècle de notre ère grâce au civilisateur arménien, savant et moine, Mesrpo Machtots (362-440). Dans certains documents historiques Machtots est mentionné comme le créateur non seulement de l'alphabet arménien mais aussi de l’albanais (langue parlée en Albanie caucasienne) et du géorgien. En travaillant avec ses élèves il a traduit la partie de la Bible du syriaque en langue arménienne. La traduction de la Bible en langue "classique" nationale est un de les premiers monuments de l'écriture arménienne. Mesrop Machtots a fondé des écoles nationales dans toutes les provinces de l'Ancienne Arménie, a écrit le premier manuel de la langue arménienne et a élaboré la méthode de l'enseignement. Il a posé la première pierre de la poésie professionnelle arménienne et de la musique.

Dans la première moitié du V siècles la littérature arménienne comptait plus de 40 oeuvres littéraires écrites dans l’ancienne langue arménienne, nommé "grabar". Cette ancienne langue écrite ressemble beaucoup par ses particularités structurales aux autres langues anciennes indo-européennes : le sanscrit (l’ancienne indienne), le latin, le grec, l’ancien slave, ancien grec etc., mais elle se distingue par un système linguistique plus abouti. Les variétés de lettre : "bolorgir" - la lettre <arrondie> avec l'utilisation des majuscules arrondies et les lettres minuscules inclines, accomplies par des éléments directs horizontaux et verticaux, et "notrguir" - la lettre incliné avec l'utilisation des éléments arrondis.

L'étape suivante du développement de la langue arménienne est l’arménien moyen, apparu au X siècle et existant à côté du grabar jusqu'à XV s. Aux XIV-XIX siècles à côté de grabar est apparu et s’est développé la langue littéraire nationale vivante nommée "achkharabar", c’est à dire "la langue laïque". Le grabar est devenu la langue de culte de l'église.

Dès les années 50 du XIX siècle de l’achkharbar se développe la langue nationale littéraire arménienne moderne. Dans la langue arménienne moderne on distingue deux dialectes : oriental, parlée en Arménie et en Iran; et occidental, utilisé en Asie Mineure, l'Europe et les États-Unis. La langue officielle de l'Arménie (oriental littéraire) selon la structure grammaticale est similaire au groupe dialectal nommé la branche "oum", du principe de formation du présent de l'indicative. La langue littéraire occidentale-arménienne est similaire par sa structure grammaticale au groupe dialectal nommé la branche "ke", du même principe. La différence principale entre elles consiste en ce que, dans le dialecte occidental a eu lieu l’amenuisement secondaire des sons sonores explosifs : b , d , g ont passé à p , t , k. Les divergences entre les langues littéraires orientales et occidentales sont insignifiantes (à la différence des dialectes parlés). Pour tous les dialectes sont caractéristiques : le consonantisme (l'harmonie des consonants dans le mot); 7 cas, 8 types de la déclinaison, 5 inclinaisons, 2 types de conjugaison, 7 participes; 3 voix (actif, passif, neutre), 3 personnes (y compris le binaire), 3 nombres; 3 genres (masculine, féminine, neutre.) dans le dialecte occidental; dans le dialecte oriental, il n’y pas de genre ; 4 modes de verbes (indicatif, impérative, conditionnel, subjonctif). Dans le paradigme du nom prédominent les formes synthétiques de l'expression du sens grammatical, et dans le paradigme du verbe – les formes analytiques.

Support d'information

Bureau Arménien de Voyages Support d'information